La pièce
L'intervention De Victor Hugo.
Hugo va produire une oeuvre abondante depuis son exil de vingt années ( 1851 - 1870) dans les îles Anglo Normandes de Jersey et Guernesey. "L'intervention" fait partie de nombreuses petites pièce en prose que Hugo avait prévu de regrouper sous
le titre de " Théâtre en liberté". C'est à dire théâtre d'un homme qui exerce son inaliénable liberté de pensée, quitte à renoncer
à la publication. Rédigée en 1866, elle ne sera publiée qu'en 1951. Elle est une des deux seules pièces du répertoire de Victor
Hugo qui prend place dans un décors réaliste, contemporain de l'époque de l'auteur : la mansarde dans laquelle vit un couple
d'ouvrier Edmond et Marcinelle Gombert. La première scène nous montre les deux amoureux en pleine dispute, au bord de la
rupture. Or, ce jour là, le hasard amène dans leur modeste atelier une chanteuse qui a fait fortune et un baron immensément
riche. Le jeune couple parviendra-t-il
à résister à la séduction qu'exerce ces personnages à bien des égards fascinants ? Cette
pièce emprunte certains éléments au vaudeville en vogue à l'époque. Le recours au rebondissement et aux quiproquo y est
fréquent et la psychologie des personnages y tient un rôle important. Des chansons enjouées sont intégrées aux dialogues.
Bien que ces spectacles soient légers, on y retrouve des échos de l'actualité et des amorces de critique sociale. Cette pièce
nous plonge par ses descriptions d'une grande justesse au coeur du XIX siècle, et sur le plan des libertés et des classe sociales
elle résonne de modernité dans le contexte actuel.
![]() Un théâtre en liberté...Qu’est-ce que le « Théâtre en liberté » ? Si, durant son exil, Victor Hugo ne pouvait espérer voir son théâtre joué sur les scènes françaises, il n’en a pas moins continuéà écrire des pièces de théâtre Un théâtre mal connu Entre 1851 et 1870, Victor Hugo écrit avec passion pour le théâtre des fragments destinés à être incorporés à des pièces en projet, ou de véritables pièces . Hugo sait que, tant que Napoléon III est au pouvoir, il lui est impossible de les faire représenter. En outre, il a peu d’espoir de les voir paraître, car il est conscient que la censure s’y opposerait, ou chercherait à lui imposer des corrections. Pourtant, il l’affirme, plusieurs d’entre elles sont prêtes pour la scène, et parfaitement jouables. À partir de 1870, à son retour à Paris, il cherche d’abord à faire revivre sur scène les grands drames romantiques qu’il a écrits dans les années 1830 et qui l’ont rendu célèbre plutôt qu’à publier ces nouvelles pièces, qui resteront longtemps inédites. C’est en 1886, un an après la mort de l’écrivain, qu’est imprimé un premier recueil de ces oeuvres écrites pendant l’exil, mais il ne contient que les pièces en vers, parmi lesquelles La Grand’Mère, laissant de côté celles en prose. Il faut attendre le milieu du XXe siècle pour que soit enfin publiée l’ultime pièce inédite de Victor Hugo, L’Intervention. Les grands théâtres ne s’empressent pas de programmer ces oeuvres, sans doute parce que ce sont les moins connues de l’écrivain ; ce sont essentiellement les petites troupes, parfois amateurs, qui s’emparent de ce « second théâtre » de Victor Hugo, en particulier à partir des années 1960 (soit près d’un siècle après leur rédaction !). Des pièces Victor Hugo De l’île de Jersey, puis de celle de Guernesey, il continue à
écrire une oeuvre abondante, qui comprend de vastes recueils poétiques (Les Châtiments , 1853 ; Les Contemplations , 1856 ; La Légende des siècles et Chansons des rues et des bois , 1859) et des romans : lorsque, en 1862, paraissent Les Misérables , le succès est immédiat et les éditions populaires illustrées se multiplient dès 1865, donnant à voir les personnages bientôt célèbres que sont Jean Valjean, Cosette, les Thénardier et le jeune Gavroche. Ses deux romans suivants, Les Travailleurs de la mer (1866) et L’homme qui rit (1869) sont immédiatement traduits en plusieurs langues. À la fin des années 1860, l’empereur autorise à nouveau les théâtres parisiens à représenter les oeuvres de Victor Hugo : en 1867, le célèbre Hernani est repris avec succès à la Comédie- Française. Pourtant, l’opposition de l’écrivain à l’empereur ne faiblit pas, et il reste fidèle à la déclaration qu’il a faite en 1859, quand il a refusé de bénéficier de la loi d’amnistie permettant aux exilés de rentrer en France : « Je partagerai jusqu’au bout l’exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai. » Le retour d’exil (1870-1885) En 1870, Victor Hugo peut enfin rentrer en France : la guerre déclarée par l’empereur à la Prusse a tourné au désastre, et cet échec a conduit à la chute de Napoléon III. Le 5 septembre 1870, la IIIe République est proclamée. Parce que Victor Hugo incarne la résistance obstinée au régime qui vient d’être mis à terre, il est célébré comme un héros de la liberté : à son arrivée à la gare du Nord, une foule immense l’accueille et l’acclame. En février 1871, il est à nouveau élu député, mais il siège cette fois parmi les élus de la gauche. Il continue à mener sa carrière littéraire (il publie le roman Quatrevingt-treize en 1874, deux séries du recueil La Légende des siècles en 1877 et 1883, le recueil de poèmes L’Art d’être grand-père en 1877) en même temps que sa carrière politique (il est élu au Sénat en 1876 et en 1882). Ses grands drames romantiques sont rejoués dans les théâtres nationaux : Ruy Blas est représenté à Paris dès 1872 ; la Comédie-Française reprend Hernani en 1877, ainsi que Ruy Bla s en 1879, et plusieurs autres drames sont interprétés sur les scènes françaises au début des années 1880 1 . Victor Hugo apparaît désormais comme une importante figure nationale, dont la réelle popularité est entretenue et encouragée par des célébrations officielles : en 1881, son entrée dans sa quatrevingtième année est fêtée par une immense manifestation populaire organisée par les pouvoirs publics, et, fait exceptionnel pour un homme encore vivant, on donne son nom à une avenue parisienne. Lorsque Victor Hugo décède, en 1885, l’événement fait la une des journaux pendant plusieurs semaines, et des funérailles nationales sont organisées : plus d’un million de personnes y assistent, qui suivent le cercueil du grand homme de l’Arc de triomphe au Panthéon. À sa mort, nul n’ignore donc qui est Victor Hugo, illustre homme de lettres et incarnation des valeurs prônées par la IIIe République. Pourtant, un pan entier de son oeuvre reste encore inconnu du public… 1. | ![]() | ![]() ![]() |